Kinshasa, ville très sale
(Jean- René Bompolonga)
On ne cessera jamais de dire que l’environnement de la capitale est malsain. Les gouverneurs qui se succèdent à l’Hôtel de ville passent sans les résoudre de manière durable. Au début de chacun de leurs mandants, ils font des discours annonciateurs du changement sans pour autant les traduire dans les actes.
Des avenues inondées de sable
L’un des rares périmètres présentant des avenues sans sable à Kinshasa se situe au niveau des tronçons des routes passant à côté de l’Hôtel de ville. Mais à cent mètres de là et sur les mêmes routes, c’est la déception. Des dunes de sables se rencontrent partout, au point de cacher plus de la moitié des chaussées, le boulevard du 30 juin compris.
Dans les communes périphériques, la situation est alarmantes. Les pluies diluviennes, en rendant le sable un peu plus lourd, font croire à l’autorité que la poussière a été maîtrisée, alors qu’il ne s’agit que d’une illusion.
La ville est pleine de sable, de boues et d’immondices malgré la mise sur pied, il y a quelques années, d’une brigade de salubrité. Certains observateurs affirment que la ville est plus sale qu’avant la création de ladite brigade. Et, ils n’ont pas totalement tort. Cette brigade est minée par deux problèmes, à savoir la modicité de la motivation et l’incertitude de l’emploi. Tous les membres de la brigade de salubrité sont des journaliers. Mal payés et victimes de renvois à la moindre peccadille, les « brigadiers » de la salubrité donnent un rendement qui laisse à désirer. Après avoir longtemps œuvré comme journaliers, certains récusent leur statut et se battent pour être engagés comme fonctionnaires de l’Etat. Ainsi le travail abattu sur le terrain est proportionnel à la rémunération couplée à un lendemain incertain. Ce n’est pas un fait rare de voir un brigadier de la salubrité mendier 50Fc auprès des passants pour l’achat d’un sachet « d’eau pure ». Ce qui met à nu la dureté des conditions de leur travail.
Un autre problème serait le nombre de ces brigadiers de la salubrité. Est-il suffisant par rapport aux besoins d’assainissement de la capitale congolaise ?
Pour se rendre compte de l’omniprésence de la poussière à Kinshasa et de la différence entre le périmètre de l’Hôtel de ville et ailleurs, il suffit de sillonner l’avenue Colonel Ebeya de part et d’autre. Cette avenue passe devant l’Hôtel de ville et permet d’avoir une idée la situation.
Des montagnes d’immondices
Outre le problème de poussière, les habitants de la ville de Kinshasa doivent faire face à des montagnes d’immondices et aux odeurs nauséabondes qui s’en dégagent. Ces détritus sont la conséquence directe de l’absence des structures d’assainissement dans la ville. Les Kinois ne savent où aller jeter leurs ordures.
Dans certaines communes, les tireurs des chariots spécialisés dans le ramassage des déchets ménagers facilitent la tâche à plusieurs familles ayant les moyens de payer régulièrement leurs services. Celles qui n’en ont pas s’arrangent la nuit pour jeter les ordures là où il fait noir. Peu importe le lieu. Ainsi, dans la commune de Bandal, les tireurs des chariots vont déverser les ordures à la Pépinière. Elles sont ensuite utilisées comme « fumiers » les mamans maraîchères.
L’Hôtel de ville ne semble pas en mesure d’engager une lutte contre ce problème. A la hauteur du pont Lunda Bululu, à droite, la population de Kintambo a transformé le coin en dépotoir. Faute d’une bonne politique en la matière, aujourd’hui, c’est une montagne d’ordures qui se dresse et étend petit à petit son périmètre.
Quand la nature entre en danse la situation ne fait que se compliquer pour la ville de Kinshasa. La rivière Kalamu, au lendemain de la pluie du 26 octobre, avait créé une montagne d’immondices à côté du pont situé à l’entrée de l’avenue Bokassa à Funa.
Y a-t-il un endroit approprié pour jeter les ordures dans chaque commune de Kinshasa ? S’il y en a par miracle, quelle structure étatique a la mission de vider ces dépotoirs ?
Autre conséquence de l’abandon de ces ordures sur la place publique est le retour des herbes aux abords des artères publiques. Dans les grandes villes, on fait un effort de planter des fleurs pour la beauté du milieu. Mais, à Kinshasa, on laisse les herbes grandir sans que l’on sente la présence d’une main humaine. Et l’apparition des serpents venimeux ou pas n’est plus qu’une question de semaines.
Aujourd’hui, aux abords du pont Lunda Bululu, surtout dans la partie située dans la commune de Bandal, des herbes sont en train grandir au jour le jour et rien n’est fait pour les couper.
Les sachets
Ayant pratiquement chassé les papiers comme emballage des biens à Kinshasa, les sachets sont un peu partout dans la capitale congolaise. Il a été décidé un moment de fermer les usines qui les produisent, mais ce qui se passe en-dessous des tables a réglé le problème, et les sachets règnent en maîtres absolus à Kinshasa.
Cela entraîne comme conséquence l’imperméabilité du sol face aux eaux de la pluie. Ce constat quoique amer est là et le gouvernorat de la ville de Kinshasa a jeté l’éponge pour trouver une solution.
Les sachets sont là et constituent un problème environnemental sérieux. Quand les eaux n’arrivent pas à franchir les sachets, elles cherchent ailleurs un chemin et cette recherche risque de causer des dégâts sur les infrastructures.
Des eaux puantes
Ce n’est un secret pour personne. L’eau ne coule plus dans les caniveaux de Kinshasa, mais à plusieurs endroits et dans plusieurs communes elle est stagnante et sa couleur a viré au vert. Certains habitants comme à Bandal, Lemba et Ngaba ont ces eaux sales dans des caniveaux passant devant leurs parcelles.
Que peuvent faire ces habitants quand la canalisation devant accueillir les eaux sales de leurs terrasses est aussi bouchée ? Maintes fois, les habitants de certaines communes ont fait le curage de leurs caniveaux et terrasses, mais le travail final, celui d’aller jeter des immondices ailleurs, n’étant toujours pas fait par la municipalité a fini par les décourager. L’hôtel de ville est appelé à veiller à cette situation qui rende certaines familles ridicules. Pour ne pas l’être, d’autres ont décidé tout simplement de remplir de sable de la partie de la terrasse passant devant leurs maisons rendant ainsi difficile la circulation des eaux.
Des fumées noires polluent
Bien des véhicules circulant à Kinshasa ne devraient plus sortir car ils polluent l’atmosphère. De vieux véhicules polluant l’environnement avec leurs fumées noires rendent irrespirable l’air.
Si leur présence n’est pas remarquable dans les grandes artères de la ville, ces vieux véhicules circulent dans la périphérie de Kinshasa. Là, ce sont ces véhicules qui assurent le transport des Kinois, et de ce fait l’autorité urbaine qui n’a rien à proposer en contrepartie aux usagers a décidé tout simplement de fermer l’œil. Ces automobiles aux fumées noires devraient en principe être interdites de circulation, mais comme l’Etat est encore dans la phase de restauration de son autorité, ces véhicules ont encore de beaux jours devant eux.
2007-11-21
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