lundi 16 novembre 2009

Recours aux aphrodisiaques et autres fortifiants

Kinshasa,
Ses usagers l’appellent « SAE 40 » made in RDC. A ne pas donc confondre avec le lubrifiant des moteurs de véhicules portant le même nom. « SAE 40 » est un mélange hétérogène de tranches de manioc cru et sucré avec des arachides également crues. Le tout, emballé dans un morceau de sachet d’une blancheur qui frise le réemploi! Le marché Gambela, dans la commune de Kasa-Vubu, et celui de la Liberté à Masina sont les principaux greniers de l’industrie kinoise du « SAE 40 ». Des ménagères, pour la plupart des filles-mères, sont particulièrement les grandes commerçantes de ce produit local.

Un déclencheur de lactation
Les vendeurs de « SAE 40 » ne tarissent pas d’éloge de leur produit. Elles affirment que le « SAE 40 » contient des vertus aphrodisiaques indéniables. « Il augmente la quantité de sperme chez l’homme. D’où, l’appellation SAE 40 », disent les vendeuses ambulantes du fameux « SAE 40 ».Par ailleurs, les mêmes vendeuses disent que le « SAE 40 » est un mélange lactescent. C’est-à-dire contient un suc laiteux. Partant, « le produit reste recommandé aux jeunes femmes allaitantes. Surtout aux primipares, renchérissent les trafiquantes de « SAE 40 ».
Un engouement révélateur
Le recours aux aphrodisiaques à Kinshasa n’est pas l’apanage des seules personnes âgées. Mais aussi, une préoccupation d’un bon nombre de jeunes gens. L’engouement pour des produits aphrodisiaques est une preuve de l’intérêt qu’attachent particulièrement les jeunes Kinois à la sexualité ! Une sexualité joujou, dirait-on.Pour la plupart des jeunes kinois, l’acte sexuel ressemble à une véritable « épreuve » de force, à l’issue de laquelle il faut laisser des empreintes sur le corps de l’adversaire. D’où, l’inévitable recours aux aphrodisiaques et autres fortifiants.Depuis, le marché des « aphros » semble être sans pudeur. Tout se dit en des termes vulguaires. Pas de tabous possible -l’écart d’âge entre le client potentiel et le (la) vendeur (se) importe peu. C’est pour cette raison que des vendeuses des racines par exemple, vantent la qualité de leurs marchandises sans la moindre retenue. Selon que telle ou telle racine retarde l’éjaculation, maintient le pénis en érection le plus longtemps possible ou augmenterait la largeur de celui-ci. Superstition ou fantasme ? Difficile à répondre de manière tranchée.
Un problème de santé publique
Le marché des aphrodisiaques à Kinshasa est aussi un forum d’imposteurs, de charlatans de tous bords. Sur le « registre » des vendeurs, figure un bon nombre de ressortissants nigérians. Autant dire que le marché est désormais ouvert à tous.Ce qui est étonnant, c’est quand on voit des jeunes gens, filles et garçons, actifs dans la commercialisation ambulante de ce qu’ils appellent « fortifiants importés »! Une fois encore, ces jeunes gens expliquent à leurs clients, souvent plus âgés qu’eux (parfois aussi âgés que leurs parents), l’efficacité de leurs produits. On les voit sur le trottoir et à certains endroits ciblés du centre-ville. Ces produits, en comprimés ou en crème viennent allonger la liste déjà longue des fortifiants et des aphrodisiaques vendus .dans des pharmacies, souvent sans exigence préalable de l’ordonnance médicale.Aussi, le libéralisme constaté sur le marché des aphrodisiaques à Kinshasa, fait-il penser à un vrai problème de santé publique. Etant donné qu’il n’est jamais tard pour mieux faire, l’opinion pense que l’Etat congolais ne devrait pas lésiner sur les moyens pour remettre de l’ordre dans ce secteur.
(Ern/GM/PKF)Laurel Kankole/Forum des As

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