Maladi ya ndeke
Kinshasa, 17/11/2009 / Société
Pour soigner les épileptiques, la plupart de familles au Bas-Congo recourent aux tradi praticiens ou aux sectes religieuses plutôt que d’aller dans les hôpitaux. Ce qui inquiète les médecins de cette province ou cette maladie est surtout considérée comme un mauvais sort...
« Si je pense à mon passé, je vis de nouvelles crises », dit P. les larmes aux yeux .Cette femme d’une quarantaine d’armée vit à Matadi, capitale de la province du Bas-Congo à 365 km de Kinshasa. Son mari l’a quittée depuis quelques années l’abandonnant avec les enfants, parce qu’elle est épileptique.Aujourd’hui elle vit seule avec son fils cadet. « Cette maladie a brisé mon mariage. « C’est ma tante qui m’a ensorcelée par jalousie », raconte-t-elle, enragée. Une de ses soeurs explique que leur père a dépensé tout son argent pour la faire soigner, l’amenant d’un tradi praticien à un autre, mais en vain. « Le plus dur, c’est de voir mes enfants délaissés et ne plus aller à l’école », s’apitoie P.1. Dans cette région où les croyances à la coutume sont très enracinées, la population perçoit l’épilepsie comme une maladie mystérieuse due à une possession démoniaque ou à une initiation à la sorcellerie. Robert Kabeya qui se présente comme tradi praticien moderne, explique que, « 70 % des cas: d’épilepsie sont d’origine surnaturelle. « Représentant spirituel d’une église locale proche des Kimbanguistes appelée l’Association confessionnelle Kintuadi (Ack) et tradi praticien ancestral, Menga Menga pense lui, que l’épilepsie est une infection « causée par un choc brutal, une brûlure au niveau de la tête pendent l’enfance, un paludisme mal soigné ou la sorcellerie ».
Pour soigner les épileptiques, la plupart de familles au Bas-Congo recourent aux tradi praticiens ou aux sectes religieuses plutôt que d’aller dans les hôpitaux. Ce qui inquiète les médecins de cette province ou cette maladie est surtout considérée comme un mauvais sort...
« Si je pense à mon passé, je vis de nouvelles crises », dit P. les larmes aux yeux .Cette femme d’une quarantaine d’armée vit à Matadi, capitale de la province du Bas-Congo à 365 km de Kinshasa. Son mari l’a quittée depuis quelques années l’abandonnant avec les enfants, parce qu’elle est épileptique.Aujourd’hui elle vit seule avec son fils cadet. « Cette maladie a brisé mon mariage. « C’est ma tante qui m’a ensorcelée par jalousie », raconte-t-elle, enragée. Une de ses soeurs explique que leur père a dépensé tout son argent pour la faire soigner, l’amenant d’un tradi praticien à un autre, mais en vain. « Le plus dur, c’est de voir mes enfants délaissés et ne plus aller à l’école », s’apitoie P.1. Dans cette région où les croyances à la coutume sont très enracinées, la population perçoit l’épilepsie comme une maladie mystérieuse due à une possession démoniaque ou à une initiation à la sorcellerie. Robert Kabeya qui se présente comme tradi praticien moderne, explique que, « 70 % des cas: d’épilepsie sont d’origine surnaturelle. « Représentant spirituel d’une église locale proche des Kimbanguistes appelée l’Association confessionnelle Kintuadi (Ack) et tradi praticien ancestral, Menga Menga pense lui, que l’épilepsie est une infection « causée par un choc brutal, une brûlure au niveau de la tête pendent l’enfance, un paludisme mal soigné ou la sorcellerie ».
Croyances d’un autre âge
Forts de ces croyances, tradi praticiens et églises de réveil prétendent être les seuls capables de guérir cette maladie. Ils attirent dès lors des milliers de malades. « Ce sont des possédés qu’il faut délivrer », madame Matala Muanda, de l’Assemblée chrétienne Lumière du monde. Depuis 2008, l’Ack dit avoir reçu plus de 6000 cas au Belvédère, son centre d’internement au nord de Matadi. Là, les épileptiques sont soignés avec des tisanes à base d’une plante, « Zola nsi aku » (aime ton pays) qui sont parfois mélangées aux écorces de manguier « lorsque la cause est naturelle ». En cas de sorcellerie « détectée par un celle spirituel », explique Menga Menga, le traitement est différent. « Des délivrances sont organisées pour chasser le mauvais esprit par des purifications avec lavement et purge à l’eau bénite associée aux tisanes ».De nombreux interdits sont alors imposés aux personnes qui souffrent de la maladie, comme ne pas regarder un cadavre ni contempler l’eau ou le feu, ne pas manger le poulet ou de la volaille... Les crises convulsives provoquées par l’épilepsie sont même comparées à l’agonie du poulet, d’où l’appellation « maladi ya ndeke » (maladie de l’oiseau, en lingala) qu’on lui donne dans le pays. D’après ces croyances, eux qui n’observent pas ces interdits s’exposent à la mort ou au retour des crises.Des interdits qui l’expliquent peut-être l’incapacité des églises et des tradi praticiens à véritablement guérir les malades. « Il y a des cas difficiles qui nous échappent », avoue en effet Menga; Menga. Chose que reconnaît aussi Matala Muanda qui explique que souvent, le démon revient pour posséder les malades. « Du coup les crises reprennent et nous leur recommandons souvent de s’attacher à Dieu et de bannir toute distraction, car le malin est rusé », dit-il.
Se confier au médecin
Ces croyances empêchent les gens d’aller vers les hôpitaux. Mais ceux qui s’affranchissent de ces tabous y vont. Ainsi en 2008, le Centre de santé mentale de Matadi a-t-il reçu 131 cas d’épilepsie. « C’est une maladie neurologique qui se manifeste par une répétition de crises convulsives sans fièvre », explique Dr Robert Niati, spécialiste en santé mentale. Il rassure que les épileptiques peuvent bel et bien être traités par la médecine moderne, même si cela prend du temps. « Nous leur donnons du fénobarbutol à prendre chaque jour au coucher pendant 18 mois, renseigne-t-il.Mais, comme le témoigne P.I. qui s’est finalement confiée à un médecin après avoir été sans succès chez des tradi praticiens, le plus difficile c’est d’aller jusqu’au bout du traitement. « Le médecin m’a prescrit des médicaments et je me portais bien quand je les prenais, reconnaît-elle. Mais quand j’arrêtais les crises réapparaissaient.Marie-Louise Ikele Poba/Le Phare
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