les villageois n’éprouvent en effet plus aucune crainte à cultiver le cannabis qui rapporte gros aux planteurs.
Bilanga ya banki (chamvre) ekomi ebele mpe minene koleka. Ba militaires nde ba grands clients ya drogue oyo, baza komele yango lokola likaya, nani akokanga moninga?
RD Congo
Nord-Kivu : le chanvre nourrit bandes armées et planteurs
Dans les territoires du Nord-Kivu contrôlés par divers groupes armés, la culture du chanvre très rentable, pour les planteurs comme pour les soldats prend des proportions inquiétantes. La police et les autorités locales ont bien du mal à freiner ce trafic dans lequel des militaires sont impliqués. Reportage dans ce no man’s land…
Les champs de chanvre ne se comptent pas sur les vastes étendues de brousse qui entourent la localité de Ikobo, à cheval entre les territoires de Lubero et de Walikale, au nord-ouest de la ville de Goma. Dans cette contrée de l’est de la République démocratique du Congo, les villageois n’éprouvent en effet plus aucune crainte à cultiver le cannabis qui rapporte gros aux planteurs. "C’est une véritable bouffée d’oxygène pour nous !", nous avoue sans réserve un jeune planteur, K.M. Selon un notable du village, un seau en plastique de chanvre est vendu 30 à 40 $ à Ikobo. "Si vous réussissez à mieux garder le champ jusqu’à la floraison, les graines coûtent encore plus cher, jusqu’à 80 $ le seau", ajoute-t-il.
Du coup, hommes, femmes et jeunes s’y livrent à cœur joie. Une jeune fille compare même cette culture à celle du café, tant elle leur fait gagner de sous. Dans le village de Buleusa, des champs occupent parfois plus d’un hectare. L’un des cultivateurs nous fait visiter son champ de 200 m sur 50. Il est fier de voir ses plantules arriver bientôt à maturation. "Je vais vendre et avoir de l’argent pour que mes enfants aillent à l’école. C’est une matière très recherchée et les clients ne manquent pas", dit-il.
Les acheteurs ne sont pas difficiles à trouver. Parmi les tout premiers, les villageois citent les FDLR, les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda et les Interhamwe (milices hutus rwandais). Ces soldats qui se sont réfugiés dans les forêts de l’est de la Rd Congo après le génocide de 1994, vivent de rapines et de l’exploitation des ressources locales. Ils pillent notamment presque toutes les récoltes des champs qui arrivent à terme. Mais, les villageois témoignent qu’ils épargnent les cultures de chanvre. "…s’ils passent dans votre champ, ils s’arrêtent juste à glaner quelques feuilles et s’en vont", raconte un cultivateur.
Chèvre contre chanvre
Cette attitude des FDLR a contraint les paysans à abandonner les cultures traditionnelles (manioc, maïs), au profit du cannabis. "Cela nous permet finalement de vivre en bonne intelligence avec eux. Dès qu’ils seront chassés, nous reprendrons avec nos cultures d’antan", affirme K.M., qui redoute leurs exactions. Les villageois, eux, ne savent pas ce que devient par la suite le chanvre qu’ils produisent, en dehors du fait qu’on le fume. "On nous dit que c’est pour fabriquer des produits pour la chevelure des femmes", se hasarde à dire une villageoise de Buleusa.
Selon un agriculteur qui a requis l’anonymat, les FDLR et Interhamwe achètent l’herbe qu’ils fument, revendent ou échangent contre des chèvres aux acheteurs venus des cités comme Kirumba, Kayna et Kanyabayonga. "Très souvent, des femmes des soldats des FARDC (Forces armées de la Rd Congo) achètent chez les FDLR", explique un chef de localité de la région. Ensuite, le chanvre prend le chemin des grandes villes - Goma, Butembo et Beni - enfoui sous des châssis de véhicules. Il y est vendu 2 ou 3 $ la poignée.
Du coup, hommes, femmes et jeunes s’y livrent à cœur joie. Une jeune fille compare même cette culture à celle du café, tant elle leur fait gagner de sous. Dans le village de Buleusa, des champs occupent parfois plus d’un hectare. L’un des cultivateurs nous fait visiter son champ de 200 m sur 50. Il est fier de voir ses plantules arriver bientôt à maturation. "Je vais vendre et avoir de l’argent pour que mes enfants aillent à l’école. C’est une matière très recherchée et les clients ne manquent pas", dit-il.
Les acheteurs ne sont pas difficiles à trouver. Parmi les tout premiers, les villageois citent les FDLR, les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda et les Interhamwe (milices hutus rwandais). Ces soldats qui se sont réfugiés dans les forêts de l’est de la Rd Congo après le génocide de 1994, vivent de rapines et de l’exploitation des ressources locales. Ils pillent notamment presque toutes les récoltes des champs qui arrivent à terme. Mais, les villageois témoignent qu’ils épargnent les cultures de chanvre. "…s’ils passent dans votre champ, ils s’arrêtent juste à glaner quelques feuilles et s’en vont", raconte un cultivateur.
Chèvre contre chanvre
Cette attitude des FDLR a contraint les paysans à abandonner les cultures traditionnelles (manioc, maïs), au profit du cannabis. "Cela nous permet finalement de vivre en bonne intelligence avec eux. Dès qu’ils seront chassés, nous reprendrons avec nos cultures d’antan", affirme K.M., qui redoute leurs exactions. Les villageois, eux, ne savent pas ce que devient par la suite le chanvre qu’ils produisent, en dehors du fait qu’on le fume. "On nous dit que c’est pour fabriquer des produits pour la chevelure des femmes", se hasarde à dire une villageoise de Buleusa.
Selon un agriculteur qui a requis l’anonymat, les FDLR et Interhamwe achètent l’herbe qu’ils fument, revendent ou échangent contre des chèvres aux acheteurs venus des cités comme Kirumba, Kayna et Kanyabayonga. "Très souvent, des femmes des soldats des FARDC (Forces armées de la Rd Congo) achètent chez les FDLR", explique un chef de localité de la région. Ensuite, le chanvre prend le chemin des grandes villes - Goma, Butembo et Beni - enfoui sous des châssis de véhicules. Il y est vendu 2 ou 3 $ la poignée.
Justin Ilundu, commandant du bataillon des FARDC qui contrôle la zone, affirme que des soldats de l’armée congolaise cultivent eux aussi de chanvre. Il dit en avoir arrêté deux et détruit de vastes champs. Mais il avoue la complexité du problème. "Nous avons détruit par trois fois des colis importants de chanvre en présence des soldats de la MONUC à Kanyabayonga, dit-il. Il reste à la police et aux services de sécurité de faire leur travail. Car, si nous contrôlons tous les véhicules, nous serons accusés de tracasser les citoyens…"
Menaces des trafiquants
Ce sentiment d’impuissance face à une culture qui se répand et nourrit beaucoup de monde inquiète. Selon le commandant du sous commissariat de police à Kanyabayonga, le lieutenant David Misegele, l’implication des militaires dans ce trafic constitue un sérieux problème. Inquiétude que partage le chef de cité adjoint. Pour lui, de nombreuses personnes ont fait fortune dans ce trafic. "Nous avons, dit-il, reçu plusieurs menaces de mort pour avoir arrêté et détruit des lots importants de ce produit nocif. Des militaires nous implorent souvent de libérer les bandits impliqués dans ce circuit, mais nous ne cédons pas à ces sollicitations".
Dans les villages, lors de ses prêches, un prêtre de la région essaye de dissuader les paysans de cultiver le cannabis. "Ce qui me fait peur, confesse-t-il, c’est qu’ils ne savent pas ce qu’on fait de ce chanvre. Ils ne voient que l’argent. C’est vraiment dommage". Il croit, cependant, qu’il sera un jour écouté.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire