lundi 22 octobre 2007

L’Etat malmené par des particuliers

Etikali kaka bateka biso bato,toyebi te soki basi bateki biso kalaeee... Ba Libanais, ba Indiens na ba Chinois bakomi kosomba patrimoine nyonso ya leta. Ba places mingi oyo bozo komona na Kin awa esi etekama kala!

RDC, tout est à vendre : Ambassades, mines, écoles, terrains, cimetières, pépinières…
(Jacques Kimpozo Mayala)

Après la valse de ventes des bâtiments de nos ambassades à l’étranger entre 1970 et 1980, nos compatriotes assistent, depuis l’entrée du pays dans la spirale d’interminables transitions et de la 3me République, au bradage de tout ce qui bouge. Sous prétexte de difficultés de trésorerie dans le chef des sociétés et services publics, d’écoles, de communautés de base, d’hôpitaux ou d’administrations des ministères, on voit des réseaux maffieux faire tranquillement main basse sur nos mines, nos espaces verts en milieux urbains, nos pépinières, nos zoos, nos jardins botaniques, nos bâtiments publics et même nos cimetières. « Cette parcelle n’est pas à vendre », lit-on sur les murs de beaucoup de parcelles à Kinshasa. Le ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel l’a rappelé si heureusement à tous hier du haut de la tribune de l’Assemblée Nationale, pour souligner la psychose collective face à la fièvre de l’expropriation foncière sauvage. Celle-ci est d’autant ravageuse que l’administration des Affaires foncières passe le plus clair de son temps à valider et invalider des certificats d’enregistrement, profitant en cela de la clause du législateur congolais qui rend inattaquable un titre foncier au bout de deux ans. Et, généralement, c’est le faux, dont les traces sont subtilement effacées dans les archives par quelque fonctionnaire corrompu, qui prend le dessus sur le vrai.

L’Etat malmené par des particuliers

Selon les dépositions des ministres Mobutu Nzanga de l’Agriculture, Toussaint Tshilombo de la Presse, Information et Communication Nationale, Maker Mwangu de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel et Didace Pembe de l’Environnement, le principal mobile qui pousserait des mandataires publics et des fonctionnaires de l’Etat à vendre le patrimoine de l’Etat au plus offrant serait la misère. En conséquence, des particuliers, le plus souvent expatriés, présentés comme des sauveteurs de l’Etat miséreux, sont occupés à ratisser large dans le domaine public comme privé de celui-ci.
Mais en tournant et retournant les contrats sous examen (Athénée de la Gombe, Athénée de la Gare, Zoo de Kinshasa, Pépinière de la Gombe en face de l’ISC, Concession de l’Agence Congolaise de Presse), le constat qui s’en dégage est que l’Etat congolais est roulée dans la farine à travers des accords à durée indéterminée ou courant sur des périodes de temps aussi longs que ceux du passage de toute une génération de Congolais. La sous-évaluation de la valeur des biens publics concédés est patente. Le caractère flou des dividendes (loyers) consentis au Trésor public est établi. En réalité, ce sont des individus (mandataires publics, fonctionnaires et leurs associés) qui se font du beurre sur le dos du commun des Congolais.
Ce dont on est maintenant sûr, c’est que les personnes ayant reçu des parcelles de pouvoir pour gérer les biens collectifs en abusent impunément, en les aliénant au mépris de toutes les règles de procédure.

Une vieille pratique favorisée par l’impunité

La vente du patrimoine foncier ou immobilier de l’Etat n’est en fait qu’une vielle pratique héritée de la seconde République. Il est écoeurant de la retrouver dans les mœurs des gouvernants de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) ainsi que de ceux de la toute récente transition congolaise (2003-2006) et de la Troisième République. Des compatriotes de mauvaise foi se permettent de jouer de mauvais tours à l’Etat pour la simple et bonne raison que leurs actes inciviques restent impunis.
A l’issue de la plénière d’hier au Palais du Peuple, émaillée par des déballages en série dans tous les dossiers fonciers et immobiliers discutés, la question qui revient à l’esprit est de savoir si les députés nationaux, au terme des conclusions des commissions d’enquête qu’ils s’apprêtent à diligenter à Kinshasa et en provinces, iraient jusqu’au bout de leur logique, à savoir la sanction des coupables. Le commun des Congolais souhaiterait que tous ceux et toutes celles dont les responsabilités seraient établies dans les cas d’aliénation des immeubles, des terrains, des concessions d’écoles et de zoo, des cimetières soient sévèrement frappées administrativement et judiciairement.
Si l’Assemblée Nationale veut être effectivement celle de la rupture avec le passé, il faudrait absolument que ses questions orales ou interpellation apportent non seulement des éléments d’éclairage sur la gestion du patrimoine national mais fassent sentir aux vautours et à leurs complices que les portes des prisons sont largement ouvertes pour les spoliateurs des biens de l’Etat. Si les vampires épinglés par les députés lors de la plénière d’hier sont frappés à la mesure de leurs méfaits, d’autres candidats au même sport battraient automatiquement en retraite. Et la bonne gouvernance pourrait s’ouvrir plusieurs brèches dans la société congolaise d’aujourd’hui.

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