vendredi 20 avril 2007

4 avril 1992 - 4 avril 2007 : Il y a 15 ans mourait l'artiste

Mboka oyo ezalaki na bayembi minene, tika tokanisa moko na bango oyo akika mokili. Nasengi yo esika oza wana obeta to oyemba moko na nzembo ya Soki. MEV

4 avril 1992 - 4 avril 2007 : Il y a 15 ans mourait l'artiste musicien Emile Soki Dianzenza

Le 4 avril 1992, Kinshasa s'était réveillé sous une triste nouvelle. Les médias annoncent : « l'artiste musicien Emile Soki Dianzenza n'est plus. Il est mort de suite d'une crise cardiaque ». Telle une traînée de poudre, cette information a fait l'effet d'une bombe. C'est la consternation parmi les mélomanes qui l'ont connu. Quelle perte énorme pour la musique congolaise qui venait de perdre un grand nom. Celui-là même qui avait fait bouger tout le pays de sa voix juvénile.

tinéraire d'un artiste hors-pair Le destin d'Emile Soki Dianzenza était intimement lié à celui de son grand frère Max Soki Vangu. On ne pouvait pas parler de l'un sans l'autre.

En 1969, Emile était sorti premier d'un concours de la chanson organisé par le grand Gérard Madiata. Nous sommes donc en 1970. Emile a seize ans et son grand frère Max vingt trois ans. Celui-ci vient de quitter la Kasapa où il était étudiant, pour venir former avec son frère l'ensemble Bella Bella. Il est né sur les cendres de l'orchestre Miredo de la commune de Kasa-Vubu alors Dendale.

Tous les kinois ne juraient que par cette formation musicale qu'était Bella Bella. Très vite, Emile est devenu la coqueluche des kinoises et kinois. De David-bar à Malandila en passant par Petrous bar sans oublier Vat 33, les deux frères volaient la vedette aux autres artistes. Accompagnés des guitaristes Johnny Roger et Jean Bosco, les deux frères Soki étaient inégalables sur le plan artistique. Les tubes comme Baboti bapekisi, Sylvie, Alexandrine, Mwasi ya moto, Luta et tant d'autres sortis sous le label des éditions La Musette de Lukelo, ont fait danser à l'envie les mélomanes de partout.

Vers la fin de 1970, l'orchestre change le fusil d'épaule et intègre l'Ecurie Vévé de Verckys qui en était à ses débuts. C'est la défection en masse des musiciens de Bella Bella. Mais contrairement à ce que tout le monde croyait, l'orchestre est monté encore en flèche avec l'apport de Emmany Kahamba Shaba (bassiste), Kinzunga Tonton Ricos (soliste), Dino Vangu (soliste), Bissikita (accompagnateur), Kayembe (mi-soliste), Nkuka Nono (drummer), Kialungila (saxo), Michael (saxophoniste), Domain (trompettiste), Manzenza (trompettiste) Wawanko Zoé (tambourineur). A l'allure où les choses allaient , l'orchestre Bella-Bella est devenu l'un des ensembles musicaux les plus prisés des Kinois.

Mais comme toute médaille a son revers, on a pu remarquer que les Soki ne pouvaient plus supporter le poids du succès. Ils commençaient à sécher les concerts et les répétitions, abandonnant Bella-Bella à son triste sort. A la suite d'une brouille avec quelques artistes, Maxime embauchera Danos Canta Nyboma qui donnera un nouveau souffle à l'orchestre. Des chef-d'œuvres comme Lina, Mandendeli, Mbuta, Bipale ya pembeni, Sofele et tant d'autres ont fait rage à cette époque et ont remonté la côte de Bella-Bella. Mécontent, Emile Soki quittera le groupe pour aller créer son propre ensemble musical dénommé Le Bella-Mambo avec la bénédiction de Daudet Matolu dit Papy Tex et NKanda Bongo.

Il faut relever qu'à cette époque, l'orchestre Empire Bakuba avait déjà vu le jour. Ses ténors Pépé Kallé, Papy Tex et Dilu Dilumona avaient un sérieux problème d'instruments de musique pour jouer des concerts. Ils étaient contraints de se débrouiller chacun à sa façon. C'est ainsi que Pépé Kallé va intégrer le Bella-Bella durant quelques mois. Il prêta sa voix dans les chansons tels que Mbuta, Kamale, Kimbundi, Lipua Lipua, Sola, pour ne citer que celles-là.

De son côté, Emile Soki faisait fureur avec Tongo etani et Mazina de Kanda Bongo. Tout cela se passait entre 1972 et 1973. Les nostalgiques qui fréquentaient cet orchestre se souviennent encore d'un sympathique portier qui mesurait à peine 1,50m et qui aimait tellement l'orchestre qu'on l'avait surnommé Bella-Bella. Mémoire vivante de cet orchestre. Il habite encore sur Makanza à Ngiri-Ngiri.

Fin 1973, Emile Soki abandonne Bella Mambo pour regagner son frère dans Bella Bella. Mais, ce seront les dernières heures de l'orchestre chez Verckys. Se sentant floués par cet éditeur, les deux inséparables frères Soki décidèrent de partir de l'écurie.

Emile Soki : succès fou

Voici donc les frères Soki réconciliés et prêts à poursuivre leur carrière musicale. Mais une question se pose : où trouver le financement ? Les mécènes sont devenus rares. Pour s'autofinancer, les deux frères créent les éditions « Allez-y frères Soki ». Ils lancent deux chansons sur le marché avec l'apport de Dizzy Mandjeku. Il s'agit des chansons « Bienvenue Doudou » de Maxime Soki Vangu et « Sentina » d'Emile Soki Dianzenza. Avec ces deux tubes, ils avaient récoltés un succès fou à tel point que les artistes Tedia, Kilola, Diasi, Mboma Julien ont intégré le groupe pour prêter main forte à Pongi Mananga Firmin le cousin et Shaba, le compagnon de tous les temps de frères Soki.

L'aventure recommence, Bella-Bella reprend du poil de la bête et mobilise les foules dans tous les bars où il se produisait. Les deux frères ne tarissent pas en composition à succès. Mwana yoka toli, Menga, De base, tikela ngai mobali, Pambindoni, Nganga, Houleux-houleux, Zamba, et tant d'autres chansons envahissent les discothèques durant deux bonnes années. Les affaires fleurissent. Soki Vangu construit un immeuble de trois étages dans la commune de Bandalungwa. Il roule carrosse et effectue des voyages en Europe. Il parraine Papa Wemba et son Viva-La-Musica en mettant à sa disposition des instruments de musique.

La fin du destin d'Emile Soki

En dépit des apparences, le climat n'est pas si serein au sein du groupe. En 1977, Maxime Soki Vangu emmène son frère Emile en Voyage en Europe pour une série de concerts. Coup de théâtre, le jeune homme rentre à Kinshasa après trois jours parce qu'il ne pouvait pas supporter le froid. Sa santé devient préoccupante. Ses nerfs semblent touchés et il abandonne définitivement l'orchestre Bella-Bella. Curieusement, on l'aperçoit ci et là à travers la ville de Kinshasa en train de jouer des concerts play back notamment au bar « Zaïre » ou « Haut Zaïre ». Il était en piteuse mine pratiquement réduit à l'état de mendicité. Les nerfs du jeune homme avaient craqué.

Pendant ce temps, son frère Maxime Soki tente tant bien que mal de tenir le coup mais peine perdue. Les musiciens désertent les uns après les autres. Maxime se rend à Abidjan en Côte d'Ivoire où il enregistre Zizina. Grand succès au pays, mais ce n'est qu'un baroud d'honneur. Plus rien ne marche. Maxime est obligé de baisser les bras. Nous sommes à la fin des années 70.

En 1980, les choses tournent sérieusement au vinaigre. Les proches collaborateurs de Bella-Bella comme Shaba, Pongi Mananga et Diasi Kadi rallient l'orchestre Afrisa de Tabu Ley. Pendant ce temps, une autre partie de l'orchestre Bella-Bella choisit l'option de sécher sciemment les séances de répétition pour s'égayer dans la nature. Conséquence, Bella-Bella n'avait plus pignon sur rue et ne faisait plus de recettes. C'est la traversée du désert.

En désespoir de cause, Maxime Soki gagne l'Europe en 1982 pour tenter de faire « un come-back ». On l'aperçoit tantôt à Belgique, France, Suède ou encore en Allemagne où il avait établi son Quartier Général. C'est toujours l'impasse à Kinshasa pour son petit frère Emile Soki. Celui-ci traînait de bar en bar chanter ses vieilles chansons moyennant une aumône que lui versaient les nostalgiques de la belle époque.

1 commentaire:

le seigneur des anneaux a dit…

Monsieur,
Etes-vous vraiement sûr de l'année de la mort des frères SOKI!
En fait, si ma mémoire est bonne, je crois avoir assisté au deuil de Soki, le père de Zizina en 1986 ou 87.Ca ne pourrait pas être en 1992 car, cette année là, j'étais déjà en Europe.