mercredi 16 mai 2007

Inventaire des crimes graves commis de 1993 à 2003

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MEV
RDCongo: Arbour (ONU) pour un inventaire des crimes graves commis de 1993 à 2003
© AFP
Le haut commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Louise Arbour, le 19 janvier 2007 à Katmandou
© AFP/Archives Devendra Man Singh
KINSHASA (AFP) -
mercredi 16 mai 2007 - 19h12 - Le Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Louise Arbour, a plaidé mercredi à Kinshasa pour "un projet d'inventaire" des crimes graves commis entre 1993 et 2003 en République démocratique du Congo (RDC), au cours d'une conférence de presse.
"Il s'agit dans une première étape de cartographier, d'inventorier les violations graves des droits de l'Homme commises pendant cette décennie, avant la mise en place de la Cour pénale internationale (CPI, entrée en fonction le 1er juillet 2002)", a déclaré Mme Arbour.
"Dans un deuxième chapitre, cet inventaire serait présenté au gouvernement et à la population de RDC, qui décideront des options à prendre (...), pour une réparation pour les victimes" et de mesures à l'encontre "des auteurs présumés de ces exactions", a-t-elle expliqué.
"Le président de la République (Joseph Kabila) a très bien accueilli cette initiative" et a manifesté son intention de "lancer une attaque sérieuse contre l'impunité", a affirmé la Haut commissaire.
En 1997, une mission de l'ONU, mandatée pour enquêter sur les crimes commis entre mars 1993 et avril 1998, avait été systématiquement entravée par le régime de Laurent-Désiré Kabila (père de l'actuel président).
Dans un rapport remis au secrétaire général de l'ONU, la mission avait conclu à l'existence de nombreux massacres de civils hutus rwandais et zaïrois, émis l'hypothèse d'une "intention" génocidaire et recommandé la reprise, dès que possible, des investigations.
Les victimes étaient majoritairement des réfugiés hutus rwandais qui avaient fui au Zaïre voisin après le génocide de 1994 au Rwanda (essentiellement dirigé contre la minorité tutsie), craignant des représailles des nouvelles autorités de Kigali, dominées par les Tutsis.
Interrogée sur les chances d'aboutir d'une nouvelle enquête sur ces crimes alors qu'une partie des acteurs politiques congolais ayant bloqué le travail de l'ONU sont encore au pouvoir à Kinshasa, Mme Arbour s'est voulue optimiste, soulignant "la volonté politique" affichée par les autorités.
"L'idée est de représenter de manière crédible un bilan (...)", mais il appartient aux autorités et à la population congolaises d'initier ensuite "un dialogue public, franc et progressiste sur ces questions", a-t-elle affirmé.
Mme Arbour a rappelé l'importance de la lutte contre l'impunité pour bâtir un Etat de droit après les élections de 2006, premiers scrutins démocratiques organisés en quatre décennies dans l'ex-Zaïre, après le long règne du dictateur Mobutu Sese Seko (1965-1997) et deux guerres successives (entre 1996 et 2003).
Alors que plusieurs chefs de guerre congolais ont été récompensés par des grades élevés au sein de l'armée après leur reddition ces derniers mois, Mme Arbour a fermement rappelé que l'ONU était totalement opposée à des amnisties concernant les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité.
"Même si il y a de temps en temps des amnisties provisoires pour amener certains acteurs à la table des négociations (...), la moindre des choses est de ne pas récompenser les responsables de crimes en leur donnant des postes dans l'administration publique et dans les services de sécurité", a-t-elle déclaré.
Evoquant "le délabrement presque total dans lequel se trouve le système judiciaire du pays", elle a appelé à réhabiliter "la notion même de justice" en s'attaquant aux problèmes "à la base", notamment en réformant la détention provisoire alors que les prisons du pays sont surpeuplées.

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