samedi 5 mai 2007

La RDC a été détruite par la médiocrité de ses élites intellectuelles

Freddy alobi makambo ya solo na mokanda oyo.

Cycle «Plaisir d’écrire» au CWB

Freddy Mulumba : la RDC a été détruite par la médiocrité de ses élites intellectuelles

Par Dieumerci Monga Monduka

La découverte d’un nouvel auteur a quelque chose d’exaltant, de rassurant. Surtout, quand celui-ci n’a pas froid aux yeux, quand ses mots sont justes. La bibliothèque Wallonie-Bruxelles, dans son cycle « Plaisir d’écrire», offre à son public l’opportunité de découvrir un auteur. Samedi dernier, non seulement il a dialogué avec Freddy Mulumba Kabuayi Wa Bondo, auteur du livre « La responsabilité des intellectuels dans la crise en RD Congo », mais aussi et surtout, il a découvert le directeur d’un grand quotidien kinois.

Qu’est-ce qui a poussé l’auteur, longtemps jaloux de son indépendance d’esprit, à publier ce support ? Question encore : qu’est-ce qui a poussé ce politologue à s’engager de façon singulière par l’exercice littéraire ? Les réponses à ces questions : «agir en urgence». Freddy Mulumba, très clairvoyant dans son livre, frappe fort : « Notre pays a été détruit par la médiocrité de ses élites intellectuelles qui ont eu en charge la destinée politique, économique, culturelle et spirituelle de notre peuple depuis notre accession à l’indépendance ».

LA RECHERCHE DE LA VERITE

A-t-on déjà, dans le cadre de cette rencontre, applaudi la perspicacité pénétrante et pénétrée de l’invité ? Absolument pas. Par contre, la rencontre de samedi a connu une effervescence particulière. De par ses réponses éloquentes et nettes au président de la Commission électorale indépendante (CEI), abbé Apollinaire Malu Malu, au professeur Wamba dia Wamba, à l’écrivain Didier Mumengi et au conseiller Marc Kohen qui ont porté un regard critique à l’ouvrage, Mulumba Wa Bondo est franc. Plus rien à cacher. Mais, il a craché la vérité en proposant des pistes de solutions pouvant aider l’élite intellectuelle à sortir du gouffre. Tout de suite, l’on comprend que l’auteur s’est résolument engagé dans la recherche de la vérité. La vérité qui dérange.

REGARD CRITIQUE

Dans leurs critiques pragmatiques parfois aussi acerbes, bref, Apollinaire Malu Malu a déploré la généralisation, Wamba dia Wamba a proposé des formulations et Mumengi a qualifié le livre d’une œuvre d’opposition.

En effet, Le livre «La responsabilité des intellectuels dans la crise en RD Congo » est une interpellation profonde, a noté l’abbé Malu Malu qui a encouragé son auteur à persévérer dans son engagement aventureux. Toutefois, suggère-t-il à l’auteur, d’établir dans son livre, établir les différentes responsabilités par rapport à la crise en République démocratique du Congo. Par ailleurs, se pose-t-il la question si et seulement si l’on devient «salaud» une fois qu’on s’engage dans la politique. Pas sûr.

« L’intellectuel congolais doit mettre son savoir au service de la transformation réelle de la société. Indubitablement, s’il est outillé, il doit pouvoir voir, parler et agir autrement en ayant bien sûr la capacité réelle de mobiliser les énergies, de construire d’actions concrètes…», souligne sereinement le président de la CEI. Ce livre nous interpelle par rapport au mimétisme et à l’instrumentalisation. Il montre comment l’intellectuel congolais perd son âme quand il est dans la cueillette et dans la culture de la main tendue. Photo University of Kinshasa

INTERPELLATION VIVACE

Pour le professeur Wamba dia Wamba, le mot intellectuel est très «englobant». L’auteur n’a pas spécifié des cas. S’agit-il ici de l’intellectuel traditionnel ou organique ? Plus loin encore, Wamba dia Wamba s’attarde à souligner par ailleurs qu’il y a danger de dire ici : «universitaire» et «intellectuel». Méthodiquement, dit-t-il, l’auteur doit renforcer les textes.

C’est vrai, ce qu’a dénoncé l’auteur, affirme Didier Mumengi qui, en revanche, constate que nulle part dans le livre, l’auteur ne situe l’intellectuel et le diplômé. Il ne s’agit pas seulement de parler de l’intellectuel, mais aussi de savoir quelle est sa part de responsabilité dans la crise congolaise.

Pour bien se faire comprendre, l’assistance qui a fortement réagi et félicité l’élan du directeur du journal «Le Potentiel», Freddy Mulumba, a suggéré la multiplication des clubs de réflexion pouvant stimuler l’intellectuel congolais.

L’ouvrage pose un problématique fondamental pour la RDC et son avenir : celui de la responsabilité des intellectuels dans la situation de ruine et de désespoir. L’élite intellectuelle n’a jamais été à la hauteur de ses responsabilités historiques. Elle a trahi la mission qui était la sienne depuis 1960.

Le grand mérite du livre «La responsabilité des intellectuels dans la crise en RD Congo» est une interpellation vivace. Le livre est vendu au Grand Hôtel Kinshasa (GHK) et au siège du journal Le Potentiel dans la commune de la Gombe (873, av. Bas-Congo).

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